Le restaurant Italien du Cap Ferret gagne son procès

Ce petit fait divers ne passe pas inaperçu sur la toile depuis quelques jours, un restaurant italien du Cap-Ferret Il Giardino vient de gagner son procès contre une blogueuse amateur ayant fait l'erreur de critiquer le restaurant sur son organisation, l'ambiance et l'amabilité de l'équipe. Le buzz tourne autour du fait que cela est une première dans l'histoire du blog en France : un professionnel de la restauration gagne un procès contre un blog amateur. La blogueuse se retrouve alors à devoir 1500 euros au restaurant... On s'attaque ici à notre libre expression, à la liberté de penser, de dire et d'écrire des individus, non seulement des blogueurs.

Les faits avant tout

Les chroniques culturelles (ou cultur'elle) est un blog amateur tenu par Caroline Doudet. Sur son blog, et après une soirée restaurant au Cap-Ferret désastreuse, elle publie un article sur le déroulement de sa soirée dans cet établissement (ouvert depuis plus de 15 ans, ce que nous rappellera la directrice du restaurant Italien) : dès l’arrivée dans le restaurant, la blogueuse se fait placer par un serveur sur une table, et dès qu’elle s’assoie à la table désignée une serveuse lui fait la réflexion qu’elle aurait du avoir l’autorisation (ce qu’elle a eut avec le serveur juste avant)… Puis l’apéro n’est pas proposé, obligé donc de demander pour avoir un apéritif qui arrive en même temps que les plats, puis le combat continue encore et encore… avec la directrice de l’établissement qui débarque dans tout ce bordel en plus… Je passe les détails : la blogueuse est déçue de sa soirée dans le restaurant, et se permet donc de relater les faits sur son blog en précisant que c’est vraiment une adresse a éviter (et en donnant également le nom, l’adresse, etc…). Une critique quoi ! Rien de plus normal que de partager son sentiment (positif ou négatif) sur un fait, une action, un moment. Le blog est fait pour cela, sorte de journal intime publique. 

L’attaque tête baissée

Le restaurant attaque aussitôt, directement au tribunal où la malheureuse blogueuse, en plus d’avoir passée une très mauvaise soirée dans cet établissement, se voit perdre devant la cour et doit 1500 euros de dommages et intérêts au restaurant suite à la soit-disante mauvaise presse de l’article. La gérante du restaurant Italien Il Giardino explique qu’elle est là depuis 15 ans et que ça fait mal de se faire insulter, et que la baisse de fréquentation de son restaurant en fin de saison pouvait être lié à cet article…

Des réactions mais pas dans le bon sens

Super me direz-vous : le restaurant, qui n’accepte pas la mauvaise critique, gagne un procès contre une blogueuse qui avait malheureusement donné son avis sur la piètre prestation de ce restaurant ce soir là. Seul problème, c’est que la presse a relaté cette histoire, et les réseaux sociaux ont fait le reste. On parle de boycottage de ce restaurant et maintenant lorsque l’on fait une recherche Google sur le nom du restaurant il n’y a que ça sur les 3 premières pages. C’est ça le référencement ! Avant ce restaurant n’avait visiblement qu’un seul mauvais résultat sur Google qui était cet article, maintenant il n’y a que ça… Les blogueurs, comme moi, et beaucoup d’autres, se rallient pour soutenir Caroline Doudet sur le bien fondé de la libre expression et de la liberté de la presse (ou de l’écrit), amateur ou professionnelle.

La liberté d’expression mise à mal

C’est une première, mais malheureusement cet incident ouvre la porte à tous les professionnels qui auraient reçu une mauvaise critique pour leur établissement, que ce soit une discothèque, un bar, un restaurant ou un établissement de loisir. On ne pourra plus critiquer un établissement sans prendre le risque d’aller au tribunal pour quoi ? Pour avoir donner simplement notre avis. C’est pourtant ça le web 2.0 : la possibilité de commenter, donner un avis, discuter ou échanger autour d’un sujet. Les sites de voyage propose quasiment tout le temps des avis utilisateurs. C’est ce qui aide à la décision, qu’elle soit bonne ou mauvaise ! Où est notre liberté aujourd’hui ?

Et si cela s’était passé autrement ?

La gérante a attaquée au tribunal, mais qu’est ce qu’elle aurait pu faire d’autre ? D’abord, la gérante n’est jamais passé par la phase accord à l’amiable, soit pour demander le retrait de l’article, soit pour demander la modification de celui-ci. La gérante du Il Giardino aurait pu également demander à Google le retrait de cet article dans les résultats de recherche. Elle aurait pu également se servir de cette mauvaise presse  pour se remettre en question également, revoir sa stratégie commerciale et son fonctionnement en interne. Il y avait tellement à faire au lieu d’attaquer cette blogueuse qui a simplement voulu donner son avis sur la soirée dans cet établissement.

Alors luttons, luttons pour cette liberté d’expression !